Article paru dans la Libre Belgique le 18 janvier 2020 et écrit par Isabelle de Lamine.
Un nouveau fonds à impact social, Change, entend soutenir des projets ayant une dimension sociétale.
La coopérative Crédal existe depuis 1984. Elle a pour mission de financer, par l’intermédiaire de crédits, des projets à dimension sociale. “La coopérative Crédal a été créée comme un mouvement citoyen. Chaque coopérateur peut participer à l’assemblée générale des coopérateurs selon le principe ‘un homme une voix’. La coopérative accorde à la fois des micro-crédits pour les personnes qui sont exclues du système bancaire et des financements pour le secteur associatif”, explique Philippe Herbiet, coordinateur du fonds Change.
Améliorer la société
Depuis 5 ans, la coopérative s’attache à développer un outil pour financer, par du capital, les entrepreneurs de l’économie sociale. Dans l’économie sociale, on retrouve des entreprises qui offrent, par exemple, des solutions en vue de diminuer la pauvreté. D’autres développent des moyens afin de mettre à l’emploi des personnes fragilisées. Il y a également les entreprises dont le but est d’offrir une aide aux personnes handicapées. Certaines entreprises sociales développent aussi des techniques pour lutter contre le réchauffement climatique et favoriser la transition énergétique.
En mai 2019, Crédal a lancé un fonds d’investissement à impact baptisé Change. Ce fonds n’est cependant pas destiné au grand public. En effet, le ticket minimal d’entrée dans ce fonds est de 100 000 euros. “Nous n’avons pas voulu permettre au grand public d’investir dans ce fonds. En effet, le niveau de risque est beaucoup trop important. Nous finançons le capital de petites sociétés start-up ou scale-up. En revanche, dans Crédal, les personnes peuvent déjà devenir coopérateurs à partir de montants très faibles. Là, il s’agit de crédits et le taux de défaut est très faible. Le risque est donc nettement moindre. Par ailleurs, dans le fonds Change, il faut avoir un horizon de temps assez long, entre 6 et 8 ans”, précise Philippe Herbiet.
Le fonds vise donc un public de familles aisées ou d’institutionnels (comme des compagnies d’assurance) qui veulent donner du sens à leur argent. Ce fonds va investir dans des entreprises qui ont un impact social positif et qui sont rentables. “Nous visons les secteurs de la transition énergétique, de l’alimentation durable, de la consommation éco-responsable, de l’économie circulaire, de l’insertion professionnelle ou de l’inclusion sociale.”
Une dizaine d’investissements par an
Ce fonds vise à effectuer une dizaine d’investissements par an. Les entreprises sociales sont sélectionnées par un comité d’investissement composé de personnes qui intègrent ensemble trois compétences : une compétence entrepreneuriale, une compétence d’investisseur et une compétence en impact. Mais comment mesure-t-on l’impact social d’une entreprise ou d’un projet ? “Il y a un grand débat sur la mesure de l’impact social. En réalité, il n’existe pas encore de méthode vraiment valable. Il y a trop de composantes différentes à prendre en compte”, note Philippe Herbiet. Les décisions d’investir avec impact sont souvent émotionnelles. Pour éviter cet écueil, les équipes de Change ont alors mis en place une série de critères d’éligibilité. Dans ce cadre, sont examinés, par exemple, le potentiel d’impact, l’innovation sociétale, les réponses que ces projets procurent à des besoins sociétaux non satisfaits. Il faut aussi analyser la magnitude de l’impact : prix du service et nombre de personnes touchées.